J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pensais de Facebook (et du web 2.0 dans son ensemble), ici ou là (ce billet liste lui-même d'autres sources). J'aime à citer Eben Moglen "Si la Stasi revenait, elle ne servirait à rien : Zuckerberg fait le boulot à sa place."
Je viens de recevoir la dernière livraison de Manière de voir, "Souriez vous êtes surveillés". On y trouve une carte des requêtes effectuées par les gouvernements auprès des entreprises, dont Facebook.
On trouve aussi un texte de 2010 signé Philippe Rivière, "Facebook, miroir magique". Il se termine ainsi (c'est moi qui graisse) :
"En 2010, l’anonymat est en passe d’être aboli. « Avec quatorze photos de vous, nous avons la capacité de vous identifier, rappelait le président-directeur général de Google, Eric Schmidt, à la conférence Techonomy, le 4 août 2010. Vous croyez qu’il n’y a pas quatorze photos de vous sur la Toile ? Il y a les photos Facebook. » Un état de fait non seulement irrévocable, mais à ses yeux nécessaire : « Dans un monde de menaces asymétriques, le véritable anonymat est trop dangereux. (…) Il nous faut un service fiable de vérification d’identité — et le meilleur exemple aujourd’hui d’un tel service est Facebook. (…) Les gouvernements finiront par l’exiger. » S’il reste possible de tricher, cela sera à l’avenir plus difficile. Les architectes du monde en ligne et les dirigeants politiques entendent « civiliser » un Internet libre perçu comme une zone de non-droit. S’ils parviennent à le domestiquer, donner son identité réelle sera le prix à payer pour y participer de plein droit. La Toile servait jusqu’ici d’image pour désigner un système décentralisé de réseaux informatiques interconnectés. Nul n’imaginait qu’une araignée frétillante viendrait s’installer en son centre pour épier tous les internautes."
Et ouais.
En 2014, qu'est-ce qui peut bien pousser un "punk", un libertaire, un rocker, un antifa, à se connecter à Facebook ?
Il ya peu je m'interrogeais sur la "décomplexitude punke".
Aujourd'hui je me pose une question. Puisque Facebook est devenu cet entité monstrueuse au service à la fois du système publicitaire le plus vicieux et le plus pernicieux, et de toutes les polices du monde en tant que gigantesque fichier de données personnelles, il devrait apparaitre légitime de lui cracher symboliquement à la gueule. Comme d'autres l'ont fait sur l'Etat, la police, l'armée, le Kapital, la religion, la télévision...
Si je voulais lancer un mouvement, faire une compile, ou même ne serait-ce qu'organiser un festoche dont le mot d'ordre serait "Rock against Facebook"... combien de groupes ou d'artistes pourraient y participer sans se sentir ridicule ? Combien d'asso pourraient y tenir une table de presse sans se sentir légèrement gêné aux entournures ?